Un sifflement à peine perceptible lui fait tourner la tête. Fritz, accroupi à l’angle de la ruelle, lui fait signe d’un pouce levé. Tout semble OK. A pas légers, Niek et Adrian rejoignent leur compagnon et jettent un œil à l’immeuble où la jeune fille se terre. Le zombie est toujours à l’œuvre, abattant avec une régularité mécanique un morceau de panneau indicateur sur le soupirail grillagé. Aucun autre zombie en vue, malgré le bruit incessant qui aurait dû en attirer plus d’un…
Les nerfs à vif, Adrian regarde sans cesse autour de lui, à l’affût du moindre mouvement. Rien. Il reporte son attention sur leur cible. Pour un zombie, celui-là est relativement « frais », les seuls signes de putréfaction perceptibles à cette distance étant la couleur grisâtre de sa peau et les cheveux absents par poignées. C’est la première occasion qu’Adrian a de détailler le monstre. Il remarque avec surprise les baskets de skate violettes, le jean de bonne qualité et le sweat à capuche de la chose. Déglutissant avec difficulté, il réalise que ce truc devait avoir moins de vingt-cinq ans à tout casser, et refuse de laisser ses pensées aller plus loin.
Alors qu’Adrian est plongé dans cette contemplation, les jumeaux n’ont pas perdu leur temps. Discrètement, chacun d’eux a ouvert son sac et commencé à en extraire des objets divers.
Rapidement, deux tas se distinguent : objets à lancer, lames et armes à feu longue distance. Ebahi, l’adolescent se retrouve bientôt devant ce qui s’apparente au butin d’un cambriolage d’armurerie. Fusils, armes de poing, grenades, couteaux et lames diverses, tout y est. Les jumeaux ne perdent pas une seconde et sont déjà en train de ranger ce qu’ils n’ont pas sélectionné. Il leur reste en main de curieux objets sphériques, lisses et mats, d’un noir profond.
Adrian remarque alors les couteaux glissés dans les poches de leurs pantalons, et les espèces de mitraillettes passées en bandoulière… Tout sourire, Niek lui tend un énorme pistolet noir mat, comme il lui aurait donné un ballon Mickey. Perplexe, Adrian se retrouve à tenir l’objet maladroitement, incertain de son utilisation.
Dans une tentative d’humour, il sourit faiblement au jeune homme.
« C’est livré avec le mode d’emploi ? »
Niek se retourne alors vers son frère et lui lance, narquois :
« J’crois qu’il a jamais vu un Desert Eagle… »
***
Avec un craquement sec, les charnières du soupirail se brisent et une pluie de verre brisé tombe sur le lavabo en dessous. Pendant un bref instant, Lina n’entend plus le zombie. Elle hésite à pousser le lave-linge pour fuir à travers le sous-sol, mais n’est-il pas trop tard ? Pour atteindre la porte il faudrait qu’elle se place juste sous l’ouverture dégagée par son poursuivant… Sans compter qu’elle devrait alors y tourner le dos pour pousser l’encombrante machine.
En quelques secondes, elle repousse ce choix et essaye de se tenir prête à se défendre. Accroupie dans son recoin, la lunette des toilettes en bouclier devant elle, elle attend.
Une ombre passe et repasse devant l’étroite ouverture. Pourtant, rien ne se passe. Aucun signe visible du monstre. La jeune fille retient son souffle, tiraillée entre la terreur et l’envie d’en finir avec ce cauchemar.
***
Adrian termine son dessin au charbon sur le trottoir et montre aux jumeaux la configuration de la pièce.
« Et ici, on a poussé une machine à laver pour bloquer la porte. A priori, Lina devrait se trouver là. »
Il désigne un angle de la salle de bains avec son morceau de bois brûlé.
« OK Gamin, on fait comme on a dit, tu pars avec Fritz pour sécuriser la sortie, moi j’m’occupe du bestiau par dehors. »
Ledit Fritz n’a pas l’air ravi de ce partage des tâches, mais il ramasse tout de même son sac et se dirige vers la porte blindée en s’assurant d’être suivi par l’adolescent. Ils disparaissent très vite à l’angle du bâtiment.
Niek s’assure que son sac à lui est bien calé derrière la poubelle, et commence à avancer vers l’autre côté de la rue.
Entre-temps, la situation a changé. Le zombie a lâché son panneau de signalisation et se tient à genoux devant le soupirail. Pourtant, il ne semble pas pressé d’y entrer. Il penche la tête de droite à gauche et tient ses mains légèrement écartées devant lui, comme s’il berçait un enfant invisible. A pas de loup, Niek s’approche à quelques pas de sa cible et serre dans sa main droite la petite sphère d’acier.
« Clic. »
Au moment de lancer l’objet, le jeune homme comprend enfin l’attitude du monstre. Il ne prie pas, comme Niek l’avait cru au départ avec perplexité, il mesure ! Depuis plusieurs minutes, il estime ses chances de passer à travers l’ouverture mais ne semble pas convaincu.
« Un zombie prudent ! On aura tout vu ! », pense Niek en lançant sa grenade. L’objet sphérique décrit une courbe dans les airs et vient s’écraser sur le dos du zombie, répandant une épaisse matière rose bubble-gum qui mousse et s’étend rapidement à tout son dos. Surpris, le monstre redresse la tête et tente de comprendre ce qui vient d’arriver. En essayant de retirer l’objet qui l’a percuté, sa main gauche vient se coller dans la matière visqueuse. Passablement énervé, le zombie se secoue en tous sens pour tenter de se dégager. Dans un horrible bruit de succion, son bras se détache alors au niveau du coude, restant pendu dans son dos…
Pas guéri par cette première expérience, il tente alors de détacher son bras gauche avec son bras droit… Qui se prend aussitôt lui aussi dans la matière collante. Furieux à présent, le zombie secoue alors d’un coup sec son épaule droite, qui cède à son tour dans un affreux bruit mouillé.
Un instant déstabilisé, il lui vient alors une illumination ! Avec une épaule en moins, ne pourrait-il pas tenter de passer par le soupirail ?
+1 avec PöCöm
La suite ! La suite ! Je veux la suite !
C’est le feuilleton de l’été????
Quel sens du suspens!!! Merci!
(et oui, aussi, la suite ^^)
La suite ! La suite ! Je veux la suite !
J’étais passé à côté des 2 premiers épisodes …
C’est vraiment très bien écrit, et je suis dans le même état que PöCöm …. « la suite, la suite » !
Bravo à Laurana.