2024-11-07 : Guillaume Feliu, co-fondateur des Éditions Blueman a très aimablement accepté de nous parler de lui et de ses projets autour de Zombicide.
J’ai toujours eu beaucoup aimé les univers zombies (et les histoires de genre en général), avec une époque de grande consommation de films qui sont allés des classiques (28 jours plus tard, 28 semaines plus tard, Shaun of the Dead, etc) à des trucs plus bizarres (des trucs japonais comme Stacy, Attack of the schoolgirl zombie, ou encore toute une palanquée de films de série X-Y-Z parfois assez bizarres à l’époque bénie du site b-movies.com). Pendant mon adolescence, l’un de mes films de chevets était le merveilleux Brain Dead, une vraie révélation. Et j’ai encore aujourd’hui beaucoup de peine à imaginer Peter Jackson à la tête des plus gros budget hollywoodiens ! Son nom m’évoque d’abord Brain Dead, Bad Taste ou le génial Forgotten Silver dans un autre genre. Mais je dois avouer que sa vision du Seigneur des Anneaux est WOW.
Si ma pratique professionnelle m’a plutôt orienté vers d’autres genres de récits, j’ai toujours gardé un œil bienveillant sur ce pan de la production éditoriale. Je me souviens avoir aidé Tony Sandoval (qui est un vieux copain et qui vient, « accessoirement », de sortir une BD avec Joann Sfar au scénario, Le Paris des Dragons aux Éditions Glénat) à faire un blog BD de zombie il y a une quinzaine d’année, ça s’appelait Season of Thorns et je viens de voir que c’était encore en ligne.
Crédit : Tony Sandoval (https://www.instagram.com/rainofdoom/)
Voici un petit topo sur les coulisses de la publication en français de la collection de comics de CMON
J’ai entendu parler de CMON et de leurs comics par Davide Fabbri, un auteur italien avec qui je commençais à collaborer aux éditions Paquet (spécialisées en BD), dont j’étais le directeur à l’époque.
Davide Fabbri est un vieux de la vieille de la bande dessinée mondiale avec notamment de nombreux comics Star Wars et Batman à son actif. C’est lui qui a fait la BD de CMON DUST, dans l’univers du jeu DUST 1947, et c’est donc par ce biais que je suis entré en contact avec David Preti de CMON.Donc j’ai tout de suite été attiré par la collection des comics de CMON. Je ne connaissais pas le jeu Zombicide, mais je me suis renseigné auprès de relations gros consommateurs de jeux et les échos ont été unanimement bons.
Sur ces entrefaites, j’ai démissionné des éditions Paquet.Un an plus tard, je me retrouve à fonder les éditions Blueman avec un copain, et les comics de CMON ont été parmi les premiers auxquels j’ai pensé pour mon nouveau catalogue. Les droits étaient toujours libres, et voilà.
Chose amusante, j’ai plusieurs autres projets avec des zombies qui sont arrivés en même temps, et on va donc se faire un tunnel de zombies de ce mois de novembre 2024 jusqu’au printemps 2025 !La relation avec David Preti, qui est pour ainsi dire la seule personne de CMON avec qui j’ai des contacts, est juste très simple et très fluide. C’est un partenaire qui reste à l’écoute — on en connaît d’autres qui sont bien moins à l’écoute en n’ayant qu’à peine le tiers du dixième du succès de CMON. Pour preuve, il a choisi de faire confiance à une jeune maison d’édition pour les adaptations françaises. Je ne l’en remercierai jamais assez !
Le plus dur pour moi est de trouver comment et quand faire paraître les différents titres existants pour faire paraître toute la collection dans un délai raisonnable tout en conservant de la place pour les autres histoires que j’ai envie de publier. Notre maison va avoir un rythme d’un livre par mois, ce qui peut sembler beaucoup mais est au final très peu… Mais c’est un problème dans lequel CMON n’est pour rien. 🙂
J’ai donc 2 comics (DUST et Zombicide) ce mois de novembre 2024, un troisième (Zombicide Invader) en janvier, et j’ai prévu 2 (ou 3) autres plus tard en 2025 (Cthulhu Death May Die et Zombicide Black Plague).
J’ai un peu modifié la maquette de CMON: ajout de bords craquelés façon vieux livres, ajout des noms d’auteur, logos titres plus grand et plus dynamiques. Et logo Blueman customisé aussi 🙂 (sans les voyelles, c’est bien connu que les zombies, comme les gens bourrés, ont perdu les voyelles).
J’ai aussi personnalisé le vernis sélectif de la couverture.
Je pense également publier une ou deux des histoires courtes de Zombicide en bonus sur les réseaux sociaux et pour les abonnés de ma newsletter.
Enfin, je lui demandais son retour sur la nouvelle traduction ainsi que sur une future édition des romans :
J’avais identifié des faiblesses et des maladresses dans le texte initial en français. En tout cas, il n’avait pas le standard de qualité nécessaire à mon goût. David Preti m’a dit que j’étais libre de retraduire tout ce que je voulais quand je lui en ai parlé. Alors voilà. La traduction BD est un exercice assez à part, car le rendu doit privilégier une langue vivante, dynamique, orale. C’est presque 100% de dialogues. Il faut savoir s’écarter du texte original et ne pas avoir peur de charcuter pour garder l’esprit plutôt que la lettre. Ce qui demande de savoir identifier ce que l’auteur veut dire ! Pas toujours évident, surtout quand les expressions idiomatiques amènent des petites touches de nuance et de couleur dans les intentions des personnages.
J’ai eu plein de bons retours de lecteurs sur le travail de Sylvain Savarin sur les autres livres qu’il a traduits pour moi, et c’est assez rare : d’habitude, le travail du traducteur doit être transparent ! Il ne doit pas se faire remarquer, pour ne pas nuire au texte. Mais sur D-Day Girls (texte), Cent pour sang (texte) ou encore Ligne de fuite (BD), plusieurs lecteurs, journalistes et libraires m’ont dit que la traduction était belle. Alors, ma foi, je n’allais pas bouder mon plaisir.
Concernant les romans, dans l’immédiat non, mais à l’avenir pourquoi pas. En fait je les ai découverts avec nos échanges. Je publie aussi du texte mais c’est assez nouveau pour moi (j’ai plus de 20 d’expérience dans la BD… et 1 seule dans le texte) !
Voyons comment se comportent les BD au niveau commercial. Et je vais essayer de mettre la main sur un des romans, pour voir à quoi ça ressemble.
D’ailleurs, c’est marrant, un des autres projets Zombies du début d’année 2025 dont je parlais est une apocalypse zombie à Moscou, un roman que Poutine n’a pas aimé et qu’il a fait interdire en Russie. Le bouquin est bien écrit et fait bien naviguer dans la ville de Moscou, c’est presque une visite guidée… mais en mode survie/zombie.
Ce n’est pas du Zombicide, mais j’aime l’idée de localiser une apocalypse zombie. CMON a commencé dans cette direction avec Washington, Rio, Paris. Mais ça peut être très intéressant aussi avec des petites villes ou des campagnes. Je rêverai de faire une BD Zombicide Breizh, par exemple. Je ne suis pas breton, mais une bigoudène qui dézingue du zombie à coup de cornemuse, ça aurait de la gueule. Et que dire des usines Hénaff… Il y a du potentiel !
Pour en savoir plus, vous pouvez retrouvez une interview du 2024-11-04 sur la chaine Youtube de FenetreSurBlog.
2024-10-30 : Les éditions Blueman annonce la sortie du volume 1 de Zombicide en français pour le 2024-11-26 et en propose quelques pages en extrait sur leur site. Le comics est vendu au prix de 24€ + 10€ de frais de port pour une livraison à domicile en France.
Le comics est annoncé dans le même format que l’édition Guillotine Press de 2021, mais avec une nouvelle traduction, comme l’atteste de titre qui passe de Jour Un à Premier jour.