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De l’ombre – Partie 4

Quoi « Boom » ? C’est moi qui raconte, et j’avais envie de dire Clic. Je te rappelle quand même que je tiens la seule arme du camp et que tu n’étais pas là quand ça s’est passé. Mais bon, on en vient à la fin de l’histoire, les autres ne devraient pas tarder à arriver et il va falloir faire les présentations.

Oui, et après on pourra manger.

Clic !

Son arme n’était pourtant pas enrayée, mais Andrew trahissait une angoisse flagrante, il n’arrivait pas à recharger sa carabine et je n’aimais pas trop ça. A vrai dire, je n’aimais pas grand-chose de la situation actuelle. Entre cette milice armée dont on ne savait rien et ces foutus Zombies, c’était typiquement le genre de journée que j’aurais préféré passer dans un bon lit, devant la télévision et avec un bon café, en supposant que les signaux télévisuels n’aient pas été coupés il y a déjà plusieurs semaines. Les autres s’étaient remis de la surprise et commençaient à s’organiser pour ce qui allait suivre : on n’allait pas tarder à avoir de la compagnie.

Mindy s’activa de sortir Andrew de sa crise de panique, sans que j’entende exactement ce qu’ils se disaient, mais je cru deviner les mots « nichons » et « je te pète les genoux ». De son coté, Jim confia son arme à Karen, puis s’équipa de son fusil à pompe. Notre impressionnante blonde ayant gardé ma hache, je du moi aussi sortir mon pistolet pour ne pas me sentir trop inutile. Avec ce qu’on transportait, je pense qu’on aurait pu être plus optimal avec notre équipement, mais on n’avait pas vraiment le temps d’y réfléchir. Karen nous le rappela sèchement, la réverbération du son dans le tunnel des égouts était trompeuse, des Zombies allaient arriver très rapidement.

Trop rapidement même, tenant son arme à deux mains, notre benjamine tira la première et explosa l’épaule de sa cible qui venait d’apparaitre à l’angle. Malheureusement, ce n’est pas un bras en moins qui allait stopper la créature, qui n’était pas venue seule. Andrew avait déjà commencé à se replier, pour avoir un meilleur angle de tir se justifiera-t-il plus tard, avant que Jim n’en donne l’ordre, alors qu’au contraire, hache à la main, Mindy s’était mise en position d’attaque. J’agrippai une épaule de Karen, lui signalant qu’on reculait, et achevai le manchot. Ses camarades étaient trop nombreux pour les avoir balles par balles, Jim le devina tout de suite, et nous ordonna donc de courir débloquer l’accès à la surface qui devait se trouver par-là, l’ancien boxeur était tout à fait capable de retenir les Zombies avec son fusil à pompe.

On avait vraiment tourné en rond bêtement, il y avait une sortie à moins de 50 mètres de notre position. Mindy m’avait rendu la hache, le pied de biche serait plus pratique pour déloger la plaque d’égout, au loin, la fréquence des tirs de Jim nous rassurait sur sa situation. Notre musculeuse blonde grimpa la première, sa force brute lui permit de ne pas ralentir pour l’ouverture de la plaque d’égouts, puis suivit Karen. Andrew passa après les filles, regrettant pendant quelques millièmes de secondes qu’aucune des deux ne portent de jupe aujourd’hui, puis ce fut mon tour d’attraper l’échelle. Je gagnai en assurance, la sortie était enfin là, on serait toujours plus en sécurité qu’en dessous.

Je fus surpris de ne pas voir les mains des filles se tendre pour m’aider à finir les derniers centimètres d’escalade. Et pour cause, mes yeux n’avaient pas eu le temps de se faire à la luminosité extérieure qu’une main ferme me bâillonnais et m’extirpa de l’échelle. Ça doit être ça qui expliquait pourquoi Andrew s’était arrêté quelques secondes, sur le moment je m’en étais bien fichu, pour rappel, j’avais des Zombies aux basques et je voulais juste éviter de me faire grignoter les pieds.

J’eus juste le temps de reconnaitre des hommes avec le même équipement que ceux qui avaient essayés de nous déloger de notre refuge, puis ce fut le noir. J’entendis quelqu’un refermer la plaque d’égout derrière moi, abandonnant Jim seul face à son destin… Et un bon paquet de morts-vivants enragés.

Clic !

  • A suivre ?
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De l’ombre – Partie 3

Oui, je sais, il commence à faire faim, mais on ira au ravitaillement quand j’aurais fini de vous raconter cette partie, sinon je vais encore oublier où j’en étais et je devrais reprendre depuis le début, et là c’est d’ennui que vous allez mourir.

Il parait qu’Einstein n’a jamais vraiment dit « Si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre » et quand bien même il l’aurait dit, il se serait trompé. Car en vérité, le premier signe des évènements n’avait pas été la disparition des abeilles, mais celle des rats. Je crois que personne ne l’avait véritablement remarqué, mais je suis à peu près certain que quelques jours avant que le fléau ne touche tout le pays, la population des rongeurs urbains avait déclinée. Je ne sais pas qui en était les responsables, mais ils avaient dû avoir besoin d’un sacré paquet de cobayes pour avoir besoin d’enlever des rats jusque dans les égouts… cobayes, ou victuailles ?

Ça allait avoir au moins un impact positif, on n’avait pas dû faire trop attention à où mettre nos pieds pendant qu’on traversait les égouts. La progression était rapide du coup, mais compliquée. En l’absence de plan, nous avions déjà perdu presque 1 heure à tourner en rond avant de nous en rendre compte, enfin, avant que Karen s’en rende compte. La petite avait plus l’expérience de la rue que tous les autres réunis, et semblait plus à l’aise pour se repérer dans ces espaces clos. Elle avait encore parfois du mal à assumer ses qualités, et Andrew n’aidait pas en la rabaissant régulièrement ou en soulignant son inutilité au sein du groupe. Heureusement Jim n’était pas du tout d’accord avec lui, c’est pourquoi il encourageait systématiquement Karen quand elle osait prendre des initiatives de ce genre. L’ancien boxeur lui transmit donc sa lampe-torche, qu’elle brandit fièrement devant elle en prenant la tête de l’expédition.

Soudain Karen bascula en avant, sans pouvoir retenir un hurlement perçant. A moitié immergée dans les eaux crasseuses des égouts, elle s’agitait, hurlant que quelque chose lui avait attrapé la cheville. En effet, à moins d’un mètre de la petite brune, un visage à la chair grisâtre et boursoufflée émergea, suivit du râle caractéristique des morts-vivants. Jim lui vida instantanément le chargeur de son pistolet dessus, par réflexe, et si le cri de Karen avait probablement alerté la Horde environnante, les détonations venaient de de lui confirmer notre position. Mindy se jeta sur la créature en dégainant son pied de biche, mais le coup rebondit sur sa bedaine flasque et gonflée d’humidité. Derrière nous, 2 corps s’étaient animés et se rapprochaient, Andrew voulu épauler sa carabine, mais les 2 zombies étaient trop prêt pour qu’il puisse viser correctement, je lui faisais obstacle et il n’osa pas tirer. Hache à la main, je réalisai quelques moulinets pour repousser ces deux là pendant que Karen se démenait comme elle pouvait pour repousser le gros tas avec sa poêle, le seul outil de son paquetage accessible rapidement.

Un nouveau hurlement retenti dans un couloir adjacent, suivit d’un bruit de courses dans l’eau. Andrew savait ce qui allait nous tomber dessus et, avec un sourire, remonta se positionner à l’intersection. Après m’être débarrassé d’un premier zombie d’un coup lui fendant le crâne en deux, Jim m’ordonna de lancer ma hache à Mindy et de plonger sur le côté. La lutteuse entendit les instructions et me fit un signe de tête pour me le confirmer. Sans vraiment prendre le temps d’y réfléchir, je lui lançai mon arme et plongeai. Aussitôt Jim élimina mon second adversaire d’une balle en pleine tête, pendant que Mindy rattrapa au vol mon arme et décapita la grosse créature d’un même geste. Plus haut dans le tunnel, on entendit un nouveau tir de fusil, Andrew rechargea son arme, ses mains tremblaient, signe chez lui d’un début de panique.

Au loin une explosion nous informa que nos assaillants venaient de tomber sur la surprise de l’armurier.

Clic !

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De l’ombre – Partie 2

Évidemment que vous pouvez aller boire, je ne suis pas un monstre. Mais je vous préviens, l’histoire n’est pas finie, et je ne veux pas vous entendre demander d’aller pisser après. Vous trouverez des bouteilles d’eau dans la réserve au fond du bunker.

ET RAPPORTEZ M’EN UNE !

Merci… Bon, j’en étais où ?

Une nouvelle détonation retentit.

Mindy avait immédiatement renversé les 2 étagères de ce qui était notre principale pièce à vivre pour faire une espèce de barricade de fortune. Aidée par Karen, elles empilaient ce qu’elles pouvaient pour nous offrir la meilleure des protections possibles pendant que Jim relevait Andrew. L’armurier était encore un peu sous le choc, mais nous avions tout de suite su qu’il n’avait rien quand on l’entendit crier comme une fille. Une fois un peu plus en sécurité avec le reste du groupe, j’avais dû l’obliger à goûter son « sang » pour qu’il réalise qu’il n’avait pas été touché ; ce n’était qu’une bouteille de ketchup qui avait explosée contre sa poitrine. Malheureusement, ça n’avait pas pu détendre l’atmosphère, on ne savait toujours pas ce qui se passait réellement de l’autre côté du mur.

Nos agresseurs n’avaient franchi ni le pas de la porte qu’ils avaient fait sauter, ni la brèche dans le mur Sud qu’ils venaient de percer. Je ne voyais plus leurs pointeurs laser, mais les crachotements de leur système radio trahissaient leur présence en amont dans les couloirs. Depuis plusieurs mois, des rumeurs circulaient dans la rue, à propos de disparitions inexpliquées dans des zones a priori sécurisées. Au départ, forcément, personne n’y avait vraiment prêté attention, et qui pourrait nous en blâmer ? Dans un monde où 90% de la population avait été changé en monstre cannibale, la disparition de certaines poches de résistance n’avait rien de surprenant. Et pourtant, des bruits d’hélicoptères auraient été entendus, alors qu’aucun appareil de ce type ne volait plus depuis les Évènements, ou encore, des Hummers auraient été aperçus se frayant un chemin à travers des routes encombrées, sans aucun respect de la principale des règles de survie : le silence.

Alors bien sûr qu’il y avait des morts-vivants partout quand quelqu’un partait en reconnaissance dans ces zones, mais je défie quiconque de mener une investigation sérieuse avec des zombies au cul. La rumeur avait enflée jusqu’à devenir un fait réel : des gens disparaissaient et ce n’était pas la faute des zombies, c’était l’œuvre d’un groupe armé et véhiculé, mais personne n’était là pour en témoigner directement. De notre côté, nous n’étions pas trop sensibilisé au problème, jusqu’à ce qu’un groupe cibiste voisin ne réponde plus aux messages de Jim. La nuit de leur disparition, Karen aurait juré avoir vu un faisceau lumineux transpercer les nuages au-dessus de leur position. Depuis on changeait encore plus régulièrement de refuge pour éviter de se faire repérer, que ce soit par les morts ou par les vivants.

Ce nouveaux mode de vie eu des conséquences imprévues assez rapidement, après une rencontre un peu houleuse avec un autre groupe de Survivants, Mindy avait fait remarquer que tant que l’affaire ne serait pas résolue, il serait beaucoup plus compliqué d’accorder notre confiance aux autres vivants et réciproquement. Pourtant on en avait fait quelques belles rencontres avant ça, nous avions même cohabité un temps avec un autre groupe de Survivants, dont un impressionnant métalleux qui ne se séparait jamais de sa tronçonneuse, il lui avait même donné un nom, « Betsy » je crois. Toujours à glisser des insultes contre tout et tout le monde, je crois que le colosse ne laissait pas notre Karen indifférente, ni Jim d’ailleurs, qui aurait donné beaucoup pour l’affronter à la régulière sur un ring. Mais nos groupes avaient fini par être séparés suite à une tentative d’exploration d’une potentielle base militaire déguisée en centre commercial. On s’était réparti les zones à explorer et l’intervention inopinée d’une meute de chiens nous avait coupé toute chance de nous regrouper.

Une détonation perça brutalement le silence, faisant sursauter Karen au passage, puis les cliquetis caractéristiques d’armes automatiques sous silencieux se firent entendre. Mais les tirs ne semblaient pas cibler notre position, bien au contraire. L’intervention des inconnus armés avaient dû attirer une partie de la Horde environnante, Andrew avertit immédiatement Jim que ça pourrait être notre chance : fuir par le tunnel d’évacuation pendant que nos assaillants étaient occupés ailleurs, même si ça voulait dire qu’il fallait encore abandonner une planque, et une super en plus. Le tunnel d’évacuation était un accès de maintenance qui donnait directement dans les canaux des égouts de la ville. Habituellement, ces canaux pouvaient littéralement grouiller de morts-vivants, mais au moins avec eux, on savait à quoi s’en tenir. Les filles dégagèrent l’accès qu’elles avaient camouflé quand on s’était installé, Andrew quant à lui était parti faire l’inventaire de ce qu’il jugeait bon d’emporter pour optimiser nos chances en bas, moi, je me dirigeais vers la source des tirs.

Je m’étais placé sur les bords de la brèche, Jim me faisant face au niveau de la porte, on surveillait les accès à l’aide d’anciens rétroviseurs de voiture. Les rafales s’éloignant, on voulait être sûr de pouvoir réagir en cas de retour des inconnus dans le couloir. Notre armurier était satisfait de son inspection et les filles nous informèrent que le passage était ouvert juste quand j’aperçus dans mon miroir une silhouette débarquer. C’était un homme, lourdement équipé, casque, masque et combinaison anthracite, arme épaulée, il semblait fouiller les lieux avec son viseur laser. Andrew aurait probablement pu identifier le modèle, moi je ne reconnus qu’une arme automatique, peut être un fusil d’assaut, mais sans grande conviction, et ce logo sur le casque, j’étais sûr de l’avoir déjà vu avant. Mais je n’avais pas le temps de trop y réfléchir, Jim donnait le signal, il fallait partir, MAINTENANT !

Tout le groupe se précipita dans le tunnel, Andrew fermant la marche pour en piéger l’accès derrière nous.

Clic !

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De l’ombre – Partie 1

Il faudrait peut-être que je vous raconte, que je vous explique pourquoi je viens de tuer votre voisin alors que tout semblait si bien aller. Asseyez-vous s’il vous plait, je ne voudrais pas devoir vider mon chargeur sur vous.

Alors, par où commencer ?

Clic !

Je crois que je n’ai jamais vraiment su réagir face à l’imprévu et ce cliquetis venu de nulle part aurait pu avoir ma peau si Jim ne n’avait pas agrippé pour me clouer au sol une demi-seconde avant la première détonation.

Jim, c’était un peu le leader du groupe, l’ours protecteur. Il avait été boxeur dans la vie d’avant les évènements, puis garagiste. Lorsque l’épidémie éclata, il venait tout juste d’hériter de l’atelier de son père. Avant de faire équipe avec nous, cet ancien bagarreur avait pourtant toujours cru être un solitaire. Il n’avait jamais réussi à entretenir une relation durable avec la moindre femme, il alternait son quotidien entre le garage, la salle de sport et son atelier et n’avait pas de place pour les autres. Il m’avait raconté que depuis les bancs de l’école et son premier pistolet à piston cracheur de boulettes de papier mâché, il savait qu’il était un manuel et il avait essayé de rentabiliser le talent de ses mains sous toutes les formes possibles. Il bricolait par passion, et se battait par besoin, en tant que rare enfant blanc dans l’école de son quartier, il avait très jeune dû apprendre à s’imposer. Paradoxalement en ces temps troublés, il avait été le premier du voisinage à essayer de regrouper les Survivants, avec pour unique leitmotiv : « l’union fait la force ». Je l’ai rencontré pour la première fois sur le trottoir devant chez moi, alors qu’il plantait sa hache dans le crâne de ce qui avait été mon chien pendant 6 ans et qui, sur le moment, me prenait pour son déjeuner.

Clic !

L’explosion souffla littéralement la porte, pourtant blindée, manquant de décapiter Karen pour quelques bienheureux centimètres alors qu’elle s’affairait à recoudre ma veste.

Karen était devenue notre éclaireur, notre as de la débrouille et notre cuisinière. Elle avait appris de la rue et à cause de la rue. A l’époque, c’était déjà une survivante, au sens premier du terme, celui d’avant les évènements. La jeune femme néanmoins dû purger une peine de travaux d’intérêt général dans l’école du quartier. Elle y avait appris beaucoup, plus qu’elle ne le réalisait à l’époque et son passage en cuisine l’avait transformé en meilleure réchauffeuse de boites de conserve que je connaisse. C’était une gentille fille en fait, juste un peu paumée et si elle en était arrivée là c’était à cause de son penchant pour certains narcotiques. Elle avait passé des semaines à échapper à la police, se croyant insaisissable et protégée par le code de la rue. Et depuis ce code nous avait déjà plusieurs fois sauvés la vie. C’est peut-être pour elle que la transition fut le plus compliquée, et si Jim n’avait pas été là pour le lui expliquer, elle n’aurait jamais compris que son dealer n’était pas en plein trip quand, les yeux en sang, il avait voulu lui arracher le visage.

Clic !

Il n’y a pas que la porte qui avait volé, un coup d’œil vers Andrew, dont les gémissements m’avaient alerté, m’indiqua qu’il aurait été traversé de part en part par une barre de fer si le choc n’avait pas été absorbé par le sac de riz qu’il transportait. Heureusement, il n’avait été que légèrement sonné par l’impact.

L’homme n’était ni très beau, ni très sympathique mais c’était un tireur hors pair et il s’avéra un formidable combattant lors de nos premiers contacts avec les Zombies. Il avait fait l’armée qu’il disait, jusqu’à ce qu’une mauvaise blessure le renvoie chez lui qu’il disait, sauf que personne n’avait jamais vu sa Purple Heart, perdue qu’il disait. Personne n’avait jamais vraiment aimé Andrew, et surtout pas sa femme donc le crâne avait redécoré la vitrine de son commerce. Au début de la crise, il n’avait eu besoin de personne pour faire le ménage autour de lui, il avait appliqué « La Méthode » qu’il disait. Et sa méthode était simple, si ça ne parle pas, tu tires, et on l’a très vite respectée. Lui, on ne l’avait pas rencontré par hasard, ni même vraiment par plaisir, mais tout le monde avait été unanime pour qu’on l’enrôle dans le groupe. Après tout, si personne n’avait jamais vraiment aimé Andrew, c’était quand même le propriétaire de l’armurerie de la ville.

Clic !

DERRIÈRE LES ÉTAGÈRES ! TOUT DE SUITE ! Hurla Mindy. Le nuage de poussière créé par l’explosion commençait à se dissiper, et comme moi elle avait repéré les premiers pointeurs laser qui perçaient l’opacité ambiante, elle avait juste été plus rapide à réagir et à donner les instructions.

Mindy était peut-être la femme la plus paradoxale que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Ses longs cheveux blonds, toujours bien coiffés, tombait sur des épaules qui rivalisaient avec celle de Jim, qu’elle avait déjà battu au bras de fer. Mindy avait démarré une carrière de championne de FreeFight et sa renommée commençait à franchir les frontières de l’État lorsque le Chaos éclata. En parallèle, elle menait également une carrière de mannequin pour une agence locale. C’est elle qui nous avait trouvé alors qu’on cherchait à se réfugier dans le centre commercial du centre-ville. Elle y pillait de quoi manger de son côté quand elle s’était rendu compte que nous cherchions à nous établir plus durablement. Elle avait essayé de nous convaincre de la mauvaise idée que c’était, argüant que les bâtiments étaient infestés de trucs pustuleux, dont j’ai oublié sa description, bien trop dangereux en tout cas. En réalité, ni Jim, ni moi n’avait entendu son explication, notre attention n’avait été captée que par sa brassière et son jogging légèrement déchiré.

Clic !

Une nouvelle détonation retentit.

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Zombicide Park – Partie 2

Josh : On est pas à Disney, putain !

Le mec en costard, après une petite pause : Je ne m’attendais pas à si peu d’engouement de votre part, je suis déçu.

Le ton était résolument froid, saupoudré d’un je-ne-sais-quoi de reproche nauséabond savamment dosé.

El Cholo mangeait ses enchiladas « Old et Passé » bruyamment. Ce bruit de mastication rendait à la scène le son assourdi par 10 cm de vitre blindée, des 2 zombies en train de bouffer le cadavre d’un doberman fraichement décharné.

Josh jaugea des pieds en cape son interlocuteur prêt à lui faire rendre son repas d’un direct du droit dans l’estomac.

Josh : Déçu ? On t’a déçu ? T’es sérieux là ?

Boss : Oui, pour tout vous dire, je m’attendais à subir le refus de vos confrères Amy, Nick et Ned et les autres. Mais de vous, … deux secondes de silence dans la tirade parachèvent maintenant l’approche du diplomate désappointé… Pas le moins du monde. Votre manque de foi me consterne.

Josh regarde El Cholo sans perdre la face, sourire en coin : Putain sans dec’. Le mec, ‘y l’est là. Tranquille. Y’nous montre des p’tains d’Zomblards et y pense qu’on va être tout jouasse de r’plonger dans c’teuh merde. Et il est fier en plus.

Boss : Je ne désirais que votre expertise en la matière et votre aide. Vous avez combattu des mois durant ces hordes et votre savoir-faire, les images, les odeurs, tout ce que vous gardez de cette époque révolue, serait une source d’inspiration pour notre parc d’attraction. Votre aide serait des plus précieuses.

Pensez-vous, des millions et des millions de visiteurs, tous plongés dans l’horreur de ces sombres années. Des hôtels, des restaurants, des décors. La crainte, la peur, sans aucun danger mais ces sensations fortes et voir ces spécimens tout droit sortis d’une épo…

Josh lui coupant sèchement la parole : Mais t’es con ou t’es con, bordel ? Z’avez recréé des Zombies, un p’tain de fléau. Z’êtes tarés ou quoi ?!? Mais R’garde les !!! Finit-il en les désignant de l’index.

Boss, en regardant ses zombies adorés manger : Il n’y a rien à craindre, ces enclos sont à l’épreuve de tout. De toute évidence, vous ne comprenez pas les enjeux d’une telle merveille. Nous vous ramènerons demain chez vous. La science n’a pas besoin de votre collaboration. Jean Eude ? Veillez à ramener nos deux invités dans leur chambre, nous les ramènerons chez eux demain à la première heure…

A peine avait-il fini sa phrase que ce bâtard de beau parleur les quittait, se dirigeant vers la salle de contrôle. La digestion se passait moyennement, pour notre Mexicain favori.

Le garde nommé Jean Eude posa la main sur l’épaule d’El Cholo : Allez messieurs. On y va.

Josh et El Cholo suivait notre bon Jean Eude qui ne tarissait pas l’éloge sur le projet de son chef : Franchement, vous êtes un peu bêtes de refuser son offre, les gars. Parce que vos potes qui sont dans l’aile ouest, ils vont pas cracher sur l’occasion de se faire un peu de fric facile.

Passant devant un enclos vide, d’un signe de tête, il montre à son pote une poêle trônant près d’un sac de riz de 10 kg. Il est des lors impossible pour lui de réprimer un : Rah les enculés, Y poussent le vice ‘ach’ment loin, les bâtards !!!

A quelques mètres sur leur gauche, un écran bleu attire l’attention des deux désœuvrés, laissant le garde ouvrir la voie. Une écriture blanche :

« A problem has been detected and Windows Millenium has been shut down to prevent damage to your computer… »

Josh imitant le boss avec un accent british exagéré : Fatal error mes couilles, ahahah…

Bref, tout allait pour le mieux, ils cheminaient vers la sortie en ricanant. Pourtant lorsque Jean Eude essaya de rentrer le code d’accès sur la console pour l’ouverture de la porte.

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNN – Acces refusé…

Deux fois…

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNN – Acces refusé…

Trois fois… Mais, précautionneusement ce coup-ci…

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNN – Acces refusé…

Un bruit sourd se fait entendre derrière eux. Suivi d’un :

Tsssshhiiiiiiiittttt ( wow tu fais super bien la porte qui s’ouvre, merci, nan mais sérieux c’est bien fait, merci beaucoup…) Plic ploc plic…

Josh ferme les yeux : Nan mais c’pas vrai, me dis pas que ça s’r’commence, merde…

El Cholo : Fatal Error…

Josh en rouvrant les yeux, déterminé : Choppe la poêle, vite…

Ah ! Et prends pas l’riz, espèce d’estomac sur patte…


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Après, partie 4

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Partie 1
Partie 2
Partie 3

Derrière le bâtiment, Fritz et Adrian avancent prudemment, restant à couvert des voitures stationnées dans le parking du complexe administratif. La dernière voiture de la rangée se trouvant être un gros pick-up, Fritz fait signe à Adrian qu’ils s’arrêteront juste à son niveau. Tous les sens en alerte, Adrian fixe du regard le mur de l’immeuble en priant pour que la porte soit toujours fermée. Pour ne pas se retrouver enfermé dehors, il avait bloqué le pêne avec un morceau de sa carte de bibliothèque, puis poussé la porte au maximum pour qu’elle ait bien l’air fermée au premier regard.

Un dernier pas derrière la Chevrolet Silverado et les deux garçons aperçoivent la porte blindée vers laquelle ils progressent.
Les nerfs à fleur de peau, Adrian sent son sang se glacer dans les veines. Des morceaux de bois fracassés sont éparpillés devant la porte, pourtant fermée.
D’un geste bref, il attrape le bas de la veste militaire de son compagnon.

« Y’avait rien devant la porte, tout à l’heure », murmure-t’il dans un souffle.
« Reste ici. »

Fritz finit de contourner la Chevrolet et avance de quelques mètres à découvert. A leur droite, un grillage sépare le parking du complexe administratif de la cour du lycée voisin. Un étroit sentier longe le grillage au pied de l’immeuble dans le sous-sol duquel la jeune fille est retranchée, vers la façade de l’immeuble dans la rue principale.

Derrière eux, le mur d’une usine abandonnée, uniquement percé de fenêtres étroites, très haut placées.

A première vue, le grillage du lycée est intact, et haut de plus de deux mètres cinquante, relativement difficile à franchir.
Le danger ne devrait pouvoir venir que du sentier à droite de l’immeuble ou, à gauche, de l’entrée du parking par laquelle ils sont eux-mêmes arrivés.
De ce côté de l’immeuble, la seule ouverture au rez-de-chaussée est cette porte blindée. De l’endroit où ils se trouvent, impossible de savoir si le mécanisme de verrouillage est enclenché ou toujours bloqué par le dispositif d’Adrian.

Fritz revient sur ses pas vers le jeune garçon.

« Je vais aller voir si c’est ouvert, tu me couvres. »

Un frisson parcourt le dos d’Adrian. Ça y est, il est dedans jusqu’au cou. D’un geste presque imperceptible du menton, il fait signe à Fritz qu’il est d’accord, puis se place accroupi derrière le pneu arrière droit du pick-up.

Le jumeau blond se met en marche, concentré, attentif au moindre bruit suspect. Dans la ville désertée, plus de bruits de moteur, de radios ou de voix humaines. Un silence uniquement parsemé de couinements de rats ou du son étouffé des pas des chiens errants.

***

Un zombie avec une idée, ça ne se croise pas à tous les coins de salle de bains. Disons que celui-là était un zombie un peu hors normes, premier de sa promo et tout ça…
Penché devant l’ouverture qu’il vient de se ménager, le zombie essaye de passer la tête la première, mais ses bras englués dans son dos le retiennent. La substance rose semble s’être collée dans les restes d’encadrement de la fenêtre brisée.

Enragé, le monstre force en poussant de la pointe de ses pieds sur le trottoir. Centimètre après centimètre, il progresse néanmoins vers l’intérieur, quand soudain, le cadre de la fenêtre s’arrache du mur, permettant au zombie de s’affaler à l’intérieur de la pièce dans un tas informe de membres emmêlés. Comble de la malchance, un morceau de l’armature métallique de la fenêtre est resté accroché au mur, retenant le zombie prisonnier du cadre, comme enchaîné au mur.

Lina a retenu un hurlement en voyant dégringoler le zombie et sa fenêtre. L’horreur et l’incrédulité se mélangent dans sa tête alors qu’elle se lève d’un bond de son recoin, la lunette des WC brandie devant elle.

Une voix se fait entendre depuis la rue.

« Ça va là-dedans ? »

Un visage blond apparaît alors dans l’encadrement brisé. Jeune, l’air espiègle, et surtout, vivant !!!
Lina essaye de lui répondre mais seul un couinement faible sort de sa gorge sèche.
Elle retente, plus fort cette fois.

« Ici !! Je suis là ! »

En dessous de Niek, le zombie remue fortement, essayant de se libérer de la carcasse fracassée du soupirail. N’y voyant pas là de danger immédiat, le jeune homme observe Lina, la première fille qu’il ait l’occasion de voir depuis l’évacuation de la ville des semaines plus tôt. Et quelle douce jeune fille !

Châtain, les yeux marron, le teint légèrement mat, les traits fins, et une silhouette élancée, Lina semblerait presque sortie d’un catalogue de mode, si on pouvait oublier ses vêtements tâchés et poussiéreux, son manteau déchiré, et ses cheveux emmêlés…

Niek s’arrache à sa contemplation en voyant le zombie se redresser sur les genoux. Il est temps de réagir.

Avant qu’il ait esquissé le moindre geste, la pas-si-douce jeune fille le devance en se jetant sur le monstre avec son arme improvisée. La peur, l’angoisse, le stress et la rage contenue pendant ces longues heures se déversent alors tous en même temps, et la jeune fille frappe à coup répétés sur la tête déjà cabossée du zombie.
Interloqué, Niek n’a pas le temps d’intervenir et ne peut qu’observer la scène.

Après des secondes qui lui paraissent des heures, les mouvements de Lina faiblissent, le geste devient moins tranchant, Niek devine la fatigue qui la gagne et l’adrénaline qui redescend. Et le zombie n’est pas hors-jeu…

 

A suivre

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Après, partie 3

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Partie 1
Partie 2

Un sifflement à peine perceptible lui fait tourner la tête. Fritz, accroupi à l’angle de la ruelle, lui fait signe d’un pouce levé. Tout semble OK. A pas légers, Niek et Adrian rejoignent leur compagnon et jettent un œil à l’immeuble où la jeune fille se terre. Le zombie est toujours à l’œuvre, abattant avec une régularité mécanique un morceau de panneau indicateur sur le soupirail grillagé. Aucun autre zombie en vue, malgré le bruit incessant qui aurait dû en attirer plus d’un…

Les nerfs à vif, Adrian regarde sans cesse autour de lui, à l’affût du moindre mouvement. Rien. Il reporte son attention sur leur cible. Pour un zombie, celui-là est relativement « frais », les seuls signes de putréfaction perceptibles à cette distance étant la couleur grisâtre de sa peau et les cheveux absents par poignées. C’est la première occasion qu’Adrian a de détailler le monstre. Il remarque avec surprise les baskets de skate violettes, le jean de bonne qualité et le sweat à capuche de la chose. Déglutissant avec difficulté, il réalise que ce truc devait avoir moins de vingt-cinq ans à tout casser, et refuse de laisser ses pensées aller plus loin.

Alors qu’Adrian est plongé dans cette contemplation, les jumeaux n’ont pas perdu leur temps. Discrètement, chacun d’eux a ouvert son sac et commencé à en extraire des objets divers.

Rapidement, deux tas se distinguent : objets à lancer, lames et armes à feu longue distance. Ebahi, l’adolescent se retrouve bientôt devant ce qui s’apparente au butin d’un cambriolage d’armurerie. Fusils, armes de poing, grenades, couteaux et lames diverses, tout y est. Les jumeaux ne perdent pas une seconde et sont déjà en train de ranger ce qu’ils n’ont pas sélectionné. Il leur reste en main de curieux objets sphériques, lisses et mats, d’un noir profond.

Adrian remarque alors les couteaux glissés dans les poches de leurs pantalons, et les espèces de mitraillettes passées en bandoulière… Tout sourire, Niek lui tend un énorme pistolet noir mat, comme il lui aurait donné un ballon Mickey. Perplexe, Adrian se retrouve à tenir l’objet maladroitement, incertain de son utilisation.
Dans une tentative d’humour, il sourit faiblement au jeune homme.

« C’est livré avec le mode d’emploi ? »

Niek se retourne alors vers son frère et lui lance, narquois :

« J’crois qu’il a jamais vu un Desert Eagle… »

***

Avec un craquement sec, les charnières du soupirail se brisent et une pluie de verre brisé tombe sur le lavabo en dessous. Pendant un bref instant, Lina n’entend plus le zombie. Elle hésite à pousser le lave-linge pour fuir à travers le sous-sol, mais n’est-il pas trop tard ? Pour atteindre la porte il faudrait qu’elle se place juste sous l’ouverture dégagée par son poursuivant… Sans compter qu’elle devrait alors y tourner le dos pour pousser l’encombrante machine.

En quelques secondes, elle repousse ce choix et essaye de se tenir prête à se défendre. Accroupie dans son recoin, la lunette des toilettes en bouclier devant elle, elle attend.

Une ombre passe et repasse devant l’étroite ouverture. Pourtant, rien ne se passe. Aucun signe visible du monstre. La jeune fille retient son souffle, tiraillée entre la terreur et l’envie d’en finir avec ce cauchemar.

***

Adrian termine son dessin au charbon sur le trottoir et montre aux jumeaux la configuration de la pièce.

« Et ici, on a poussé une machine à laver pour bloquer la porte. A priori, Lina devrait se trouver là. »

Il désigne un angle de la salle de bains avec son morceau de bois brûlé.

« OK Gamin, on fait comme on a dit, tu pars avec Fritz pour sécuriser la sortie, moi j’m’occupe du bestiau par dehors. »

Ledit Fritz n’a pas l’air ravi de ce partage des tâches, mais il ramasse tout de même son sac et se dirige vers la porte blindée en s’assurant d’être suivi par l’adolescent. Ils disparaissent très vite à l’angle du bâtiment.

Niek s’assure que son sac à lui est bien calé derrière la poubelle, et commence à avancer vers l’autre côté de la rue.

Entre-temps, la situation a changé. Le zombie a lâché son panneau de signalisation et se tient à genoux devant le soupirail. Pourtant, il ne semble pas pressé d’y entrer. Il penche la tête de droite à gauche et tient ses mains légèrement écartées devant lui, comme s’il berçait un enfant invisible. A pas de loup, Niek s’approche à quelques pas de sa cible et serre dans sa main droite la petite sphère d’acier.

« Clic. »

Au moment de lancer l’objet, le jeune homme comprend enfin l’attitude du monstre. Il ne prie pas, comme Niek l’avait cru au départ avec perplexité, il mesure ! Depuis plusieurs minutes, il estime ses chances de passer à travers l’ouverture mais ne semble pas convaincu.

« Un zombie prudent ! On aura tout vu ! », pense Niek en lançant sa grenade. L’objet sphérique décrit une courbe dans les airs et vient s’écraser sur le dos du zombie, répandant une épaisse matière rose bubble-gum qui mousse et s’étend rapidement à tout son dos. Surpris, le monstre redresse la tête et tente de comprendre ce qui vient d’arriver. En essayant de retirer l’objet qui l’a percuté, sa main gauche vient se coller dans la matière visqueuse. Passablement énervé, le zombie se secoue en tous sens pour tenter de se dégager. Dans un horrible bruit de succion, son bras se détache alors au niveau du coude, restant pendu dans son dos…

Pas guéri par cette première expérience, il tente alors de détacher son bras gauche avec son bras droit… Qui se prend aussitôt lui aussi dans la matière collante. Furieux à présent, le zombie secoue alors d’un coup sec son épaule droite, qui cède à son tour dans un affreux bruit mouillé.

Un instant déstabilisé, il lui vient alors une illumination ! Avec une épaule en moins, ne pourrait-il pas tenter de passer par le soupirail ?

 

Partie 4

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Après, partie 2

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Partie 1

 

A première vue, la ruelle semblait déserte. Depuis que les chats errants avaient disparu de la ville, les seuls êtres vivants à écumer les rues étaient quelques bataillons de rats ou çà et là un chien famélique, mais celle-ci semblait sûre. Pour le moment.

Adrian jeta un regard derrière son épaule, et resta un moment stupéfait. Personne. Puis un mouvement derrière la poubelle lui apprit qu’ils étaient bien toujours à sa suite.

Quelle chance de tomber sur eux dans les sous-sols du centre commercial ! Il y avait encore quelques semaines, il les aurait fui, préférant éviter les ennuis. Mais à présent que tous ses repères avaient été bouleversés, le jeune garçon s’était dit en les voyant qu’il n’avait jamais été aussi heureux de tomber sur des marginaux. Niek et Frits, des jumeaux d’origine néerlandaise, lui avaient paru parfaitement à leur aise dans la galerie marchande dévastée.

Assis sur une fontaine hors service, des bouteilles de bière à la main, ils s’amusaient à shooter des rats au lance-pierres. Quand ils l’avaient aperçu, il avait remarqué leur surprise, vite dissimulée. Un adolescent seul et armé d’une simple barre métallique, ça ne courait plus les rues ces derniers temps.

Intrigués, ils l’avaient laissé approcher en silence, cessant pour un instant leur jeu de tir.

« Salut… »

Que dit un survivant à un autre survivant quand l’univers est devenu un champ de ruines ? Sûrement pas « ça va ? » ou « Quoi de neuf ? »… Même demander une cigarette lui aurait semblé déplacé, quoiqu’à la réflexion, si quelqu’un dans cette ville avait encore du tabac, ce devait être ces deux-là.

Adrian était donc resté muet à les observer, envahi de sensations mêlées. Soulagement de n’être plus seul, terreur en pensant à Lina enfermée à des kilomètres de là avec un zombie à ses trousses, épuisement d’avoir couru dans toute la ville en évitant le moindre endroit inquiétant… Lina !! Il y avait urgence, il fallait qu’il se ressaisisse. Il avait alors tenté le tout pour le tout.

« J’ai besoin d’aide, les gars. »

Puis les mots s’étaient bousculés en panique, désordonnés et mélangés, le toit de leur abri qui s’était effondré, les forçant à sortir en pleine nuit, les trois zombies qui les avaient pris en chasse, la chance inespérée quand deux d’entre eux s’étaient volatilisés dans une ruelle adjacente, la découverte de cette porte métallique blindée qu’ils avaient pu refermer derrière eux, puis le silence et l’obscurité d’un sous-sol immense, ancien parking d’un immeuble de bureaux et loge d’un gardien sans doute, puisqu’ils étaient tombés finalement sur cette salle de bains rassurante, équipée pour seule ouverture d’une porte qu’ils avaient barricadée et d’un soupirail étroit et grillagé.

En quelques mots et sans reprendre son souffle, Adrian leur avait expliqué toute la situation, et les jumeaux avaient paru ravis. Frits avait bondi sur ses pieds, attrapé un gros sac de sport bien rempli et tendu une main à Adrian.

« On est avec toi, p’tit gars. Puisqu’y’a urgence, faut pas traîner. On te suit ! »

Niek avait alors poussé un hululement, sorte de cri de guerre, et enfilé un sac à dos au moins aussi lourd que le sac de son frère avant de s’élancer à leur suite.

A présent qu’ils approchaient de l’immeuble où Lina les attendait, Adrian sentait son pouls s’affoler. La main crispée dans sa poche sur son téléphone portable, il imaginait en mémoire le beau visage de la jeune fille, ses grands yeux noirs emplis d’inquiétude.

Pourvu qu’il soit encore temps !

 

Partie 3

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Zombicide Park – Partie 1

Péter et Stéven étaient en train de manipuler un membre reconstitué de bipède manifestement en putréfaction. En agissant sur les nerfs encore visibles de cette charogne trouvée dans un bac à sable d’une maternelle de la 3ème rue, ils arrivaient à reproduire des mouvements saccadés d’un véritable être humain.

Stéven : Tu sais quoi, Péter ? Ca fait bien…rof … 3 semaines que j’ai pas mangé de Liche Lorraine.

Péter : On dit une Ouiche Lorraine, Stéven .

Stéven : Une Ouiche Lorraine ? T’es sûr ? Parce que depuis l’invasion, je crois qu’on dit Liche Lorraine.

Péter : C’est encore un coup de ces salops du marketing. Peuvent pas s’empêcher de mettre des noms de morts partout, maintenant.

Stéven : C’est pas faux…

Péter tourne la tête vers Stéven. Puis replonge corps et âme dans les clichés de son microscope atomique.

Puis après quelques secondes de longue réflexion Péter sans quitter ses objectifs à quelques centaines de milliers de dollars pièce : C’est Marketing que t’as pas compris ?

Bref tout allait pour le mieux chez Jean Claude et Fils, seule et unique entreprise pharmaceutique à avoir survécu à la Terreur du Virus dans le New Jersey…

Zombicide

Pendant ce temps à Vera Cruz… Gros plan sur un téléphone fixe analogique qu’on décroche à la volée, celui avec le truc qui tourne là. Le plan s’élargit sur un jeune d’une vingtaine d’années avec de grosses estafilades sur la joue droite.

Josh : Ouech ? Bien ou bien ?

Voix dans le téléphone mis en haut-parleur : Mr Josh ?

Josh : Lui-même, ma gueule. Fais vite, y a Pédro qui s’tente un cent mètre Canada Dry.(une boisson restée dans le 20ème siècle … avec le Brut de Pomme d’ailleurs… Une typicité de Véra Cruz)

Voix : Hum hum (toux génée). On m’a chargé de vous engager pour un contrat. Votre passé, votre expérience seraient des atouts majeurs pour la mise en place de notre parc à thème. Il vous serait expressément diligenté, un aéronef qui…

Josh : Popopopo… Tu t’calmes directe ma gueule et tu m’causes gentiment, t’as vu ?

Voix : Heu, oui pardonnez moi. Mon Boss souhaiterait vous engager pour un travail. Un travail très bien rémuné… Très bien payé.

Josh : AAAaaaaah bah là, t’vois, on commence à s’parler conv’nable. Combien ?

Voix gênée décidément : Droit au but… une centaine de milliers de dollars.

Josh : La vache !!! ‘l a la dalle ton keuhmé…C’est quoi l’adresse ?

Voix : Nous venons vous chercher

Josh : Tu passes me chéchère ? Trop bien, Quand ?

Voix : Dans 3 heures, si vous êtes d’accord…

Quelques secondes de flottement…

Josh : … Ah ouais carrément quoi !!! Ouais, Bah raboule toi avec la tune, man.

Josh se met à gueuler dans l’hacienda.

HEY !!! Chocho !! Fais péter les machettes, y a d’l’oseille qui tombe du ciel, ma caille !!!

Zombicide

Amy et Nick copulaient dans le salon. Selon certains bien-pensants, il fallait repeupler une Terre meurtrie dans sa chaire par son plus grand ennemi… la science.

Bon promis, un jour, on leur donnera quelques cours de sciences naturelles à ces deux là parce que ce n’est pas dans cette position que l’on fait des enfants.

Les convenances ? Nick et Amy les piétinaient à longueur de journée et ce n’est pas 10 relances des Laboratoires Jean Claude et Fils qui allaient soudainement circonvenir à la règle…

Aussi lorsque allongés l’un à coté de l’autre en fumant une cigarette salutaire, le facteur leur apporta une énième missive urgente/prioritaire/recommandée.

Nick sur un ton particulièrement appuyé : Commence à m’brouter sévère l’jonc avec leurs conneries, ces trous du cul !!!

Amy ne releva pas, elle abondait même : Qu’est c’qui nous veulent, en fait. Z’en ont pas marre de nous harceler comme ça, là ?

Nick : Ch’ais pas mais ça va pas durer cent sept ans, c’est moi qui t’le dit…

Et c’est vrai qu’il ne fallait pas trop lui taquiner les côtes au père Nick.

Amy : Tu t’rends compte que ça fait maintenant plus de 2 ans que nous en avons fini avec ces … zombis … moches… belliqueux et pourris. ( oui c’était pas vraiment les termes utilisés par Amy mais nos pauvres et chastes amis lecteurs n’auraient pas apprécié cette abondance de poésie )

On sentait qu’elle avait encore du mal. Ses cauchemars parlaient pour elle, remarquez. La nuit était synonyme de repos pour le commun des survivants. Pas pour elle. Elle revivait, ressassait chaque instant, chaque perte, chaque malheur pour se réveiller tremblante et fiévreuse.

Son addiction au sexe n’avait jamais cessé depuis…

Toc toc Toc !!! POLICE !!! Ouvrez.

Même pas le temps de remettre un slibard que la porte volait déjà en éclat. Merde mon flingue songea Nick sous le fauteuil du canapé… Baisé comme un bleu.

Une, deux, puis dix armes pointaient la tête des deux héros d’antan… Mais, là, fallait se rendre à l’évidence ça sentait l’poney shetland.

Une piqure ? C’est bien une piqure que j’ai senti ?

Mais que … C’est quoi ces… Oula ça tourne…

Nick : J’vais.. vous..

défon..
cer…
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Après, partie 1

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Un bref silence, puis le grattement reprend. Insistant, régulier, comme… mécanique. Recroquevillée dans le coin le plus éloigné de la fenêtre, Lina frissonne. Elle resserre les pants de son manteau déchiré contre ses genoux, et soupire profondément. Un centième regard vers l’écran de son portable lui apprend qu’Adrian n’a toujours pas tenté de la joindre. Parti depuis ce qui lui semble des heures, le jeune garçon n’a peut-être pas pu trouver d’aide. Peut-être même… Non ! Lina ferme les yeux et serre les poings contre ses paupières. Ne pas imaginer le pire, ne pas laisser ses pensées angoissées effilocher le peu de courage qu’il lui reste. Adrian est rusé, rapide et habitué à la vie dans la rue. Il sait être prudent, il… n’a que quatorze ans. Et Dieu seul sait combien de ces choses parcourent les rues de la ville abandonnée.

En à peine quelques jours, la ville entière et ses environs ont cessé de respirer. Heure après heure, les habitants ont évacué, emportant avec eux le peu de choses qu’ils pouvaient transporter. Les rues encombrées de véhicules abandonnés semblent n’attendre qu’un signal pour revenir à la vie. Même les pillards ont fini par partir. Les vitrines brisées des commerces s’ouvrent sur des espaces saccagés, des étagères renversées, et une odeur, une odeur si nauséabonde que Lina ne se souvient pas d’en avoir connu de telle avant. Une seule espèce se réjouit de son nouvel environnement.
Les rats, par milliers, ont envahi la ville, sortant comme par magie de tous les recoins.
Avant, Lina adorait les rats. Elle en avait même eu un à quinze ans, un joli rat blanc qu’elle avait en quelque sorte imposé à ses parents, avec sa cage immense et tous ses accessoires.
Avant, elle trouvait si jolies leurs petites pattes roses, et leurs attitudes. Elle adorait regarder Archimède grignoter une graine, assis sur ses pattes arrières comme un petit écureuil.

Le son cristallin de son portable la sort brusquement de ses pensées. Réglé au minimum pour éviter d’attirer l’attention, l’appareil n’émet qu’un faible son, mais Lina sursaute et regarde avidement l’écran.

« J ARIV AI TROUVE 2 L AIDE TIEN BON LINA !! »

Les battements affolés de son cœur peinent à ralentir, et pourtant le soulagement l’envahit. Adrian n’est pas… Il va bien, il a toujours son portable et il a trouvé de l’aide !
Un craquement sec du côté de la fenêtre relance la course effrénée dans sa poitrine. Le chambranle commence à céder, du plâtre tombe par petits morceaux sur le lavabo en dessous. Se redressant d’un bond, Lina cherche du regard une arme pour se défendre. La salle de bain où ils s’étaient réfugiés plusieurs heures plus tôt leur avait semblé l’endroit idéal, la seule ouverture vers l’extérieur étant cette lucarne étroite et grillagée, qui paraissait si solide ! Mais question armes improvisées, le choix est limité. Lina s’imagine tenir un zombie à distance, armée d’un balai à chiottes… Elle en rirait presque si elle n’était pas si terrifiée.
Un instant elle envisage de repousser le lave-linge qui barricade la porte, et de s’enfuir à travers le sous-sol. Mais le souvenir de cet endroit glacé, sombre et plein de cachettes possibles la ramène à la raison. Adrian avait raison, la salle de bain reste plus sûre.
Lina tourne en rond dans le petit espace, évaluant ses possibilités. Shampooing, éponge, serviettes… Puis elle a une illumination. Elle hésite un moment à passer sous la lucarne d’où le grattement s’est fait encore plus acharné, puis prenant une profonde inspiration, elle traverse l’espace et s’agenouille près de la cuvette. Les vis de la lunette des toilettes ne sont pas trop serrées, elle parvient à dévisser les deux fixations et à retirer la lunette. Lourde, plate, encombrante, elle fera une bien piètre arme et difficile à manier, mais à défaut d’autre chose…

La jeune femme retraverse la pièce courbée en deux, sa trouvaille serrée contre elle, et regagne son recoin. Adrian, dépêche-toi…

 

Partie 2