Il faudrait peut-être que je vous raconte, que je vous explique pourquoi je viens de tuer votre voisin alors que tout semblait si bien aller. Asseyez-vous s’il vous plait, je ne voudrais pas devoir vider mon chargeur sur vous.
Alors, par où commencer ?
Clic !
Je crois que je n’ai jamais vraiment su réagir face à l’imprévu et ce cliquetis venu de nulle part aurait pu avoir ma peau si Jim ne n’avait pas agrippé pour me clouer au sol une demi-seconde avant la première détonation.
Jim, c’était un peu le leader du groupe, l’ours protecteur. Il avait été boxeur dans la vie d’avant les évènements, puis garagiste. Lorsque l’épidémie éclata, il venait tout juste d’hériter de l’atelier de son père. Avant de faire équipe avec nous, cet ancien bagarreur avait pourtant toujours cru être un solitaire. Il n’avait jamais réussi à entretenir une relation durable avec la moindre femme, il alternait son quotidien entre le garage, la salle de sport et son atelier et n’avait pas de place pour les autres. Il m’avait raconté que depuis les bancs de l’école et son premier pistolet à piston cracheur de boulettes de papier mâché, il savait qu’il était un manuel et il avait essayé de rentabiliser le talent de ses mains sous toutes les formes possibles. Il bricolait par passion, et se battait par besoin, en tant que rare enfant blanc dans l’école de son quartier, il avait très jeune dû apprendre à s’imposer. Paradoxalement en ces temps troublés, il avait été le premier du voisinage à essayer de regrouper les Survivants, avec pour unique leitmotiv : « l’union fait la force ». Je l’ai rencontré pour la première fois sur le trottoir devant chez moi, alors qu’il plantait sa hache dans le crâne de ce qui avait été mon chien pendant 6 ans et qui, sur le moment, me prenait pour son déjeuner.
Clic !
L’explosion souffla littéralement la porte, pourtant blindée, manquant de décapiter Karen pour quelques bienheureux centimètres alors qu’elle s’affairait à recoudre ma veste.
Karen était devenue notre éclaireur, notre as de la débrouille et notre cuisinière. Elle avait appris de la rue et à cause de la rue. A l’époque, c’était déjà une survivante, au sens premier du terme, celui d’avant les évènements. La jeune femme néanmoins dû purger une peine de travaux d’intérêt général dans l’école du quartier. Elle y avait appris beaucoup, plus qu’elle ne le réalisait à l’époque et son passage en cuisine l’avait transformé en meilleure réchauffeuse de boites de conserve que je connaisse. C’était une gentille fille en fait, juste un peu paumée et si elle en était arrivée là c’était à cause de son penchant pour certains narcotiques. Elle avait passé des semaines à échapper à la police, se croyant insaisissable et protégée par le code de la rue. Et depuis ce code nous avait déjà plusieurs fois sauvés la vie. C’est peut-être pour elle que la transition fut le plus compliquée, et si Jim n’avait pas été là pour le lui expliquer, elle n’aurait jamais compris que son dealer n’était pas en plein trip quand, les yeux en sang, il avait voulu lui arracher le visage.
Clic !
Il n’y a pas que la porte qui avait volé, un coup d’œil vers Andrew, dont les gémissements m’avaient alerté, m’indiqua qu’il aurait été traversé de part en part par une barre de fer si le choc n’avait pas été absorbé par le sac de riz qu’il transportait. Heureusement, il n’avait été que légèrement sonné par l’impact.
L’homme n’était ni très beau, ni très sympathique mais c’était un tireur hors pair et il s’avéra un formidable combattant lors de nos premiers contacts avec les Zombies. Il avait fait l’armée qu’il disait, jusqu’à ce qu’une mauvaise blessure le renvoie chez lui qu’il disait, sauf que personne n’avait jamais vu sa Purple Heart, perdue qu’il disait. Personne n’avait jamais vraiment aimé Andrew, et surtout pas sa femme donc le crâne avait redécoré la vitrine de son commerce. Au début de la crise, il n’avait eu besoin de personne pour faire le ménage autour de lui, il avait appliqué « La Méthode » qu’il disait. Et sa méthode était simple, si ça ne parle pas, tu tires, et on l’a très vite respectée. Lui, on ne l’avait pas rencontré par hasard, ni même vraiment par plaisir, mais tout le monde avait été unanime pour qu’on l’enrôle dans le groupe. Après tout, si personne n’avait jamais vraiment aimé Andrew, c’était quand même le propriétaire de l’armurerie de la ville.
Clic !
DERRIÈRE LES ÉTAGÈRES ! TOUT DE SUITE ! Hurla Mindy. Le nuage de poussière créé par l’explosion commençait à se dissiper, et comme moi elle avait repéré les premiers pointeurs laser qui perçaient l’opacité ambiante, elle avait juste été plus rapide à réagir et à donner les instructions.
Mindy était peut-être la femme la plus paradoxale que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Ses longs cheveux blonds, toujours bien coiffés, tombait sur des épaules qui rivalisaient avec celle de Jim, qu’elle avait déjà battu au bras de fer. Mindy avait démarré une carrière de championne de FreeFight et sa renommée commençait à franchir les frontières de l’État lorsque le Chaos éclata. En parallèle, elle menait également une carrière de mannequin pour une agence locale. C’est elle qui nous avait trouvé alors qu’on cherchait à se réfugier dans le centre commercial du centre-ville. Elle y pillait de quoi manger de son côté quand elle s’était rendu compte que nous cherchions à nous établir plus durablement. Elle avait essayé de nous convaincre de la mauvaise idée que c’était, argüant que les bâtiments étaient infestés de trucs pustuleux, dont j’ai oublié sa description, bien trop dangereux en tout cas. En réalité, ni Jim, ni moi n’avait entendu son explication, notre attention n’avait été captée que par sa brassière et son jogging légèrement déchiré.
Clic !
Une nouvelle détonation retentit.
Seuls les plus forts survivent !
Vraiment, c’est très bien. J’attends la suite avec impatience.
Bonjour,
Vraiment sympa Eren ! continu on veut savoir la suite.
Vraiment classe !
Je vois très bien le visuel de ce que le texte décrit. J’aime vraiment beaucoup et l’écriture est fluide.
Je trouve très original cette alternance entre action et description. Je vois bien cette scène dans un film avec l’action au ralenti accompagnée de flashback.